Ce qui fait que l’hypnose a toujours existé (depuis la nuit des temps, sous d’autres noms et d’autres formes) et qu’elle a encore de beaux jours devant elle, c’est sa nature à s’adresser à l’humain tout entier, et non à son intellect uniquement. Ce n’est pas la capacité du thérapeute à analyser les résultats sur la personne accompagnée qui compte mais d’être capable de pouvoir s’inscrire dans la réalité de la vie de celle-ci.
On ne cherche pas à découvrir une vérité théorique sur le mal-être de quelqu’un. Au contraire, on s’appuie davantage sur une intuition et sur une confiance absolue des mécanismes inconscients de la personne. Et pourtant, cela n’empêche nullement l’hypnose de reposer sur des bases scientifiques solides et sur une connaissance approfondie des mécanismes cérébraux et de la psychologie humaine. Hypnose et neurosciences font bon ménage.
L’accompagnement en hypnose se fonde davantage sur le rapport humain, sur la relation sincère qui peut s’établir entre le praticien et son client. Ainsi, on ne part pas de concepts tout faits, mais plutôt du monde de la personne elle-même. C’est ce qui permet à l’hypnose de s’inscrire dans la réalité des choses. Seule la vision du monde de la personne suivie compte ; ce qui n’empêche pas de la modifier, si nécessaire, en la recadrant (ce que j’appelle faire bouger le centre), en y apportant une autre lumière, en proposant un autre angle de vue. C’est en fusionnant avec la personne, avec ses représentations et ses ressentis, que le praticien restera immergé dans la réalité des choses afin de mieux préserver l’équilibre de la personne qu’il accompagne.
Sans paraître présomptueux, on peut dire que l’hypnose est un langage de l’humain, un langage de la nature, qui a ses propres particularités grammaticales. Comme le chinois classique, on ne différencie pas les genres, ni le sujet de l’objet, et on met en avant la justesse des pensées plutôt que le sens critique vrai/faux issu de croyances limitantes. Seul compte le concret et non pas des tentatives théoriques pour comprendre intellectuellement les choses.
L’hypnose ne s’alourdit pas d’une morale manichéenne simpliste fondée sur des critères culturels et subjectifs. Sans considération pour la dualité du bien et du mal (juger ce qui est bien ou mal pour celui qu’on accompagne par exemple), on oublie la démarche analytique, non nécessaire dans l’accompagnement thérapeutique. En somme, pour l’hypnose, il n’y a pas de réalité hors du monde de la personne accompagnée. Et il ne nous appartient pas, en tant qu’hypnopraticien, de juger le monde de la personne qu’on accompagne.