Lorsque nos pensées sont obsédantes, récurrentes, lorsqu’elles nous empêchent parfois d’agir, de passer à autre chose, de créer, et génèrent même des problèmes d’insomnie et d’angoisse, il peut être intéressant de les contrôler. Et cela s’apprend. Quelqu’un qui sait comment couper ses pensées va pouvoir engendrer une stimulation, un élan dans ses actions.
La méthode de la maîtrise de l’esprit fonctionne aussi par paradoxe. Que penserions-nous si on nous disait que pouvoir se concentrer, c’est en réalité pouvoir ne pas penser ? Souvent on associe la concentration à une focalisation de la pensée sur quelque chose. Et on oublie que relâcher l’esprit, faire en sorte que les pensées soient plus évanescentes, entraîne la concentration.
Combien avez-vous de pensées par jour ? Environ 60 000 ! Notre cerveau fonctionne tout le temps, à longueur de journée. Et pourtant, lorsqu’on se concentre sur quelque chose, nos pensées s’arrêtent. Lorsque nous sommes en pleine action, en se concentrant sur cette action, on ne peut penser. On n’a pas le temps. Prenez un skieur qui dévale une pente à pleine vitesse. Ses yeux sont fixés sur la piste et son cerveau est accaparé par l’action. Il ne peut penser à autre chose.
C’est intéressant de noter que la vitesse peut agir sur le contrôle de nos pensées. Et la lenteur, paradoxalement, peut également nous permettre d’apaiser les pensées et de les contrôler. Faites quelque chose avec une extrême lenteur. Sans tomber dans l’ennui, on remarque alors que nous sommes plus présents à ce que l’on fait. On peut trouver une forme de concentration intense dans la lenteur.
Penser est facile. Mais ne pas penser demeure difficile pour nous. Pourtant, cela devrait aussi faire partie de notre éducation puisque c’est tout aussi important pour se maîtriser et avoir plus de main mise sur ce que l’on souhaite entreprendre. Alors, il est vrai que toucher au silence intérieur est ambitieux. Certains passent des années dans la méditation en espérant obtenir un pouvoir sur leurs pensées. Or, ce qui est proposé ici n’est pas une finalité à obtenir, mais un simple apprentissage et une technique applicable par tout le monde.
Si, pendant un instant, vous deveniez conscients et présents à vos pensées ? Une pensée apparaît, puis une deuxième… A quel rythme les pensées s’enchaînent-elles ? Quel est l’espace, ou le temps écoulé, entre ces deux pensées ? Et si vous vous concentrez sur cet espace, que se passe-t-il ? Et si vous élargissez l’espace-temps entre ces pensées ? Pouvez-vous le faire ? Parfois, un ralentissement de la respiration aide à ralentir les pensées et à agrandir l’espace entre elles. On remarque alors que des moments de silence, même courts, apparaissent. Avec un peu d’entraînement, ces moments peuvent devenir de plus en plus longs. Ce n’est pas du simple vide, mais du silence, un apaisement cérébral qui favorise l’état de concentration.
D’autres méthodes existent pour appréhender le silence mental. Comme la vision périphérique. Si on fixe un point, longuement, on se focalise dessus. Mais dès qu’on élargit sa vision à tout ce qui nous entoure (en prenant bien conscience de ce que l’on peut voir ou percevoir), tout en restant fixé droit devant, une sorte de défocalisation se produit. Les pensées s’arrêtent automatiquement. Cette technique est largement utilisée en auto-hypnose pour entrer dans un certain état, mais on la retrouve aussi dans les techniques de méditation, de Qi Gong, ou même dans certaines méthodes de tir.
Ces moments de silence créent des sensations particulières. Cela passe donc aussi par le corps. Et si on intègre ces sensations, si on les mémorise, intellectuellement et physiquement, alors on pourra les retrouver spontanément et agir instantanément sur nos pensées, ou plutôt sur la non-pensée. Ainsi, dans les situations de stress ou de blocages, on pourra faire appel à ces sensations dès qu’on en a besoin, provoquer aussitôt une plage de silence mental, et agir en laissant notre créativité s’exprimer.
Ces techniques sont mentionnées ici pour ceux qui en ont besoin. C’est parfois utile pour la plupart des gens. Mais d’autres personnes maîtrisent naturellement leurs pensées ; elles savent établir des plages de silence mental sans passer par ces techniques. Et vous, en avez-vous besoin ?